30/01/2013

Queen Mimosa 3

Deux clips cultissimes dont un qui est sorti ce lundi 28 janvier 2013

Dans chacun de ses clips Queen Mimosa 3 nous régale d'un univers fou et déjanté à l'image de sa pop-électro.

ANOREXIQUE


NE M'EMBRASSE PAS



27/11/2012

La complainte de l’os mou …



On ne m’avait pas dit que j’avais des os ….non non, je vous assure, personne ne m’en avait parlé, personne ne m’avait prévenue ….personne ne m’avait préparée !...j’ai des os ! …ils ne sont pas mous, ils ne sont ni fragiles ni cassants, je les sens saillants sous ma peau, je les sens durs sous mes doigts, je les sens prétentieux, prêts à jaillir, prêts à en débattre ….je les sens presque au garde à vous !
Un jour on m’a greffé un nouveau corps, sans que je m’en rende compte, comme ça du jour au lendemain, sans crier gare ….pas juste un bras, juste une main ou même un visage, non non, on m’a greffé un nouveau Moi, un nouveau reflet dans le miroir, une nouvelle peau sur mes os et surtout, surtout un échappatoire à une forme de désespoir …


  Le lendemain de mes 40 ans, 8 mars, journée de la femme qui plus est, j’ai accepté qu’un besogneux du scalpel m’ouvre le ventre pour aller trancher dans le vif de mon estomac …j’ai accepté qu’il me laisse la portion presque congrue de ma bidoche pour me survivre à moi-même ….
7 mois plus tard, j’assiste à ma naissance : elle n’a rien de maternel, elle n’a rien de tendre, elle est juste violente, bouleversante mais surtout elle porte mes espoirs plein de promesses et peut être gouleyants !


Le choix d’une opération telle que la mienne ne va pas de soi, c’est un choix quasi schizophrénique qui nécessite de faire la mesure précise de sa force intérieure, de faire l’inventaire de ses valeurs et d’accepter de remettre en question les parties les plus intimes et infimes de son être. Par être je n’entends pas seulement la personne que je suis, mais surtout « le fait d’être », de cette force de vie qui nous anime, de cette pugnacité que l’on assimile parfois à l’instinct de survie.





J’ai grossi au fil du temps de façon inéluctable, irrépressible en mesurant trop tardivement l’aspect sadomasochiste de cette escalade à l’intérieur de moi. J’ai vécu sans m’en rendre compte, parce qu’il le fallait, parce que ma 1ère naissance il y a 40 ans m’a conditionnée à la survie, aussi mortifère a-t-elle pu être. Tortue avec triple carapace, hérisson piquant mais tendre sauf à mes yeux, éléphant à l’extérieur, magasin de porcelaine délicate à l’intérieur. Je me suis enfuie de moi-même, je me suis déformée, défigurée pour faire fuir cet homme qui aurait pu être mien, j’ai fait l’expérience du suicide à petit feu en me remplissant de nourriture et donc de vie... quel drôle de paradoxe …manger pour ne pas mourir, trop manger et se rapprocher de la mort …
J’ai atteint le « point break », de ce retour qu’on espère plus….je me suis arrêtée, je me suis regardée, je me suis jaugée …j’ai vu ce que je n’étais plus, j’ai vu ce que je ne pouvais plus, j’ai vu ce que je n’espérais même plus, j’ai surtout vu celle qui était derrière les barreaux et qui avait envie de les couper !

 L’opération n’est pas une solution de facilité, encore moins un miracle des temps modernes qui se suffirait à lui-même… c’est un compromis avec soi-même mais surement pas une option « faute de mieux ». C’est un choix, unique, sans concession, radical, irréversible mais surtout et avant tout un choix personnel. Je hais et j’exècre toutes ces émissions qui font de ces pratiques un phénomène de mode, un médicament facile à prendre … je déteste encore plus voir ces corps en souffrance qui pensent n’avoir à soigner que  le physique sans envisager un instant le caractère impératif d’un travail sur soi et accompagné, pré et post opératoire. Quelle prétention, quelle faute de goût ! Comment leur témoigner de la richesse à faire émerger sa personnalité, celle que l’on a enfoui, comment les convaincre qu’il y a plus à gagner à faire grossir son estime de soi-même qu’à faire uniquement grossir ses muscles ou sa garde-robe parce que l’on mincit ? Comment leur dire qu’il y a plus riche à gagner à être honnête avec soi et les autres en ne cherchant pas à être, mais uniquement à être ?

L’après opération est bouleversant si l’on accepte qu’il le soit et si l’on accepte d’accueillir les bouleversements. Enfanter de soi-même n’a rien d’une promenade de santé mais tout du parcours initiatique. Apprivoiser un nouveau mode alimentaire, de nouvelles quantités, de nouvelles qualités…. Etre à l’écoute de ses sensations et non plus répondre automatiquement aux impulsions, sentir les aliments, découvrir leurs nouvelles saveurs, teneurs comme si chaque repas était saupoudré d’un exhausteur de goût mécanique. Reconnaitre les signes de satiété et leur répondre en arrêtant de manger, sans plus chercher à remplir et se repaître de ce sentiment de plénitude parce qu’ENFIN c’est la vie qui est insufflée, juste ce qu’il faut, pour alimenter la machine sans plus chercher à l’endormir.   


Aujourd’hui je vais vers la vie, j’y travaille, je m’accroche, je doute parfois mais de moins en moins de mes choix, de mes envies et surtout de mes non envies ! Mon corps dégonfle, et mon estime de moi-même devient plus pulpeuse chaque jour …
Je vis le bouleversement d’un corps que je ne connais plus. J’ai dépassé un poids psychologique déterminant : en deçà de ce poids, je ne me connais plus, je ne me souviens plus de « comment c’était » .  Je découvre que j’ai des os, je ne le savais pas, on ne me l’avait pas dit ! …..je découvre mes articulations, la forme réelle de mon visage, la finesse de mes doigts que je n’arrête pas de toucher, de palper …je suis bouleversée, pas déstabilisée, mais bouleversée et fière de ce parcours accompli, fière de ma force de vie, sans complaisance pour autant …Je suis encore très ronde, mais dans une norme plus acceptable pour moi, pour les autres….J’ai longtemps bataillé contre cette idée de norme, de comparaison sociale, physique, mais aujourd’hui je ne lutte plus. J’ai admis au vu de mon parcours personnel, affectif, que j’en avais besoin a minima de cette « putain de norme », qu’elle pouvait être sécurisante et non pas uniquement sclérosante, tout est une question de dosage, de nuances, de compromis. Elle n’est en fait qu’un prétexte, la justification d’une lutte intérieure qui au final ne doit se faire que de soi  à soi. Le fait d’admettre ceci, me permet aujourd’hui de marcher en levant la tête, de regarder l’autre sans plus avoir peur de ce que je lui renvois, de respirer différemment en marchant droit devant, « droite dans mes bottes ».

 

Je suis loin d’avoir fini ce travail sur moi-même, loin d’avoir levé tous mes obstacles personnels, mais je sens que mon estime souffre moins et que l’image que me renvoie le miroir me fait enfin du bien et qu’elle est plus en accord avec mon fort intérieur. 



Je n’ai pas d’objectif précis en termes de kilos, et j’aime l’idée d’avancer vers mon avenir sans en connaitre les limites ou les contours …..j’ai tout au plus en tête un « poids repère » que j’aimerais franchir, mais je ne cherche pas à être mince, je suis quasi sure d’avoir envie de garder des rondeurs. Comme me l’a dit un jour une tante que j’affectionnais particulièrement «  si tu maigrissais trop, on ne te reconnaitrait plus, ça ne serait plus toi ». C’est mon identité depuis toujours, je pressens que je ne me reconnaitrais pas dans la « vraie » minceur, que ça n’est pas moi complètement, et j’aime la rondeur d’un corps féminin, que longtemps j’ai aimé à dessiner et que je trouve plus appétissant, sans aller dans l’extrême. Mon seul et unique objectif est maintenant personnel et singulier et essentiellement guidé par mes émotions.
A cela s’ajoutent les conséquences irréversibles, dures et douloureuses de cette renaissance si particulière et décalée et avec lesquelles je dois cohabiter : mon corps dégonfle …oui oui, il dégonfle au sens le plus littéral du terme, mais ne retrouvera jamais sa souplesse, sa jeunesse, sa séduction juvénile.  Une seule image suffisamment parlante : un ballon de baudruche gonflé, qui après quelques jours perd de sa rondeur, commence à être moins rempli, moins dodu, et qui au final finit par se flétrir … si l’on va plus loin dans l’image, il n’en restera après quelque temps que l’enveloppe décharnée, triste et peu festive. 


 A ce stade là je pourrais me laisser submerger par un légitime sentiment d’injustice : je renais à moi-même, je goute à nouveau à la potentialité d’une relation à l’autre de l’ordre de la séduction, je sens mes tripes se réveiller et réclamer leur dû, et au final je dois apprendre à vivre avec un corps maintenant vieillissant avant l’heure. Comment appréhender ça ? Soit me morfondre, et ça n’est pas ma nature ….soit en vivant la chose au jour le jour, sans trop m’appesantir sur la question et en me préservant de rencontrer des « cons », « blaireaux » et autres miséreux de la relation pas en capacité de me préserver par trop peu de délicatesse dans les potentiels moments d’intimité ou du moins de rapprochement.



Avoir foi en l’avenir, se faire confiance, ne compter que sur soi, pas par manque de confiance en cet autre ou par pessimisme, non non, rien de cela, mais juste en toute lucidité parce que dans cette vie, on est profondément et viscéralement seul et que c’est à soi et uniquement à soi que l’on peut faire confiance. L’autre peut tout au plus accompagner un bout de chemin parallèle, partager des idées, des envies, des coups de sang,  des « coups de corps », mais foncièrement il ne peut et ne doit  jamais se substituer à nos manques, nos errances, nos doutes sous peine d’entretenir chez lui le besoin presque pervers d’une relation de dépendance voir de domination. Ne plus jamais le laisser croire qu’il peut ou doit prendre cette place-là à mes côtés, ou que j’en ai besoin pour vivre ….sa place est juste d’être un égal à mes côtés …j’y mets un point d’honneur et c’est aujourd’hui la source principale de ma force intérieure, même si parfois j’avoue quelques faiblesses qui au final servent juste à faire l’équilibre et la balance de mes besoins et manques, petites piqures de rappel nécessaires.


Je suis en paix avec tous ces sentiments, en paix avec ceux qui se sont injustement  sentis investis d’une mission « sanitaire » à mes côtés parce que je les ai tacitement ou inconsciemment autorisés …. je m’y suis perdue longtemps parce qu’il est parfois confortable de s’oublier dans cet autre qui pense à notre place ou dont on a envie de croire qu’il est généreux et aimant là où au final, il ne fait lui aussi que nourrir ses propres faiblesses et manques narcissiques…

Aujourd’hui je me sens juste « saine et propre », et toutes ces nouvelles sensations, envies et petits bonheurs sont les meilleurs carburants à ce nouveau moi dans son ensemble. Pas de perfection dans un pseudo sentiment de « béatitude », non non, des hauts et des bas légitimes et salvateurs,  une lucidité toujours omniprésente et qui joue son rôle de « garde-fou », mais surtout et justement un ressenti plus intrinsèque : l’envie de rencontrer cet autre qui m’a longtemps fait  peur et envie, et dont je sens qu’on a des connexions et valeurs communes…juste l’enthousiasme et la candeur de cette « adolescence sur le tard » que je ressens dans «  ma couane » , juste mes os qui font une poussée de croissance inattendue ….on ne m’avais pas dit que j’avais des os …….




« Je ne sais pas où je vais, mais le sourire aux lèvres je vais . » (cf Les Brigittes ! )